« Qui regarde vers lui resplendira
sans ombre ni trouble au visage »
Ps.33
Besoin d’un accompagnateur spirituel?
« A quoi sert un guide spirituel ? » demande un internaute. La réponse de Jacques Nieuviarts, bibliste. Publié le 15 juillet 2014 dans « Croire ».
Un guide spirituel aide à mieux comprendre sa foi et à mieux la pratiquer. Parce que la foi ne se vit jamais seul. La foi est profondément personnelle bien-sûr, mais jamais solitaire.
Pour mieux voir, c’est-à-dire pour voir en relief et avoir le sens des distances, il faut avoir les deux yeux ouverts et… être vigilant. Ceux qui voient mal le savent. Ce n’est qu’au microscope - ou pour prendre les photos - que l’on en ferme un, pour concentrer la vue sur l’autre.
Dans la vie spirituelle, c’est pareil. Pour bien avancer, il faut voir en 3D. Mais ça ne se fait pas du premier coup, et ce n’est pas si simple.
Dans la vie spirituelle, il faut souvent, si ce n’est toujours, un complément de regard. L’accompagnateur est ce supplément de regard. Mais attention : à certaines conditions seulement !
Touche pas à ma liberté !
La condition essentielle, incontournable, c’est la liberté, de part et d’autre. Ce que nous souhaitons au fond, c’est que notre foi travaille ou prenne toute notre vie. Et pour cela, nous ouvrons notre vie au regard de quelqu’un qui va avec nous y rechercher les signes de Dieu. Quelqu’un de confiance. Un ami de Dieu. Et qui est là simplement pour être serviteur de ce désir de Dieu dans nos vies.
On disait jadis un « directeur de conscience ». Mais le terme « accompagnateur spirituel » est beaucoup plus juste.
Il ne commande rien dans notre vie. Il est témoin attentif des signes de Dieu, sans aucun projet préconçu sur nous. Et cela est essentiel.
Là où il n’y a pas le respect de la liberté, Dieu n’est pas, ou il est en danger. Façon de dire que nous le sommes aussi !
Un ami de Dieu
Faut-il pour cela choisir un prêtre ? Bien-sûr, mais pas forcément. Aujourd’hui, beaucoup de laïcs, hommes et femmes, se forment pour mieux rendre ce service, lors de retraites par exemple, etc.
Mais si l’on n’en connaît pas, on peut aussi s’adresser à une personne de notre entourage. L’important : qu’il n’y en ait qu’une. On ne confie pas sa vie, pour une relecture des signes de Dieu , à 36 personnes, ce serait de la dilution, ou comme un navire sans gouvernail. Important aussi : que cette personne ne soit peut-être pas trop proche. Qu’elle sache écouter, laisser de la place à Dieu, dans le regard, le silence, la parole, la prière, qu’elle respecte notre vie profonde et notre liberté. Car l’accompagnement spirituel est une œuvre de Dieu.
Important donc de choisir quelqu’un en qui on puisse reconnaître un ou une ami(e) de Dieu, capable de discrétion, de respect, de prière. Et chaque année, il m’est bon d’évaluer le chemin parcouru. Vérifier comment il a construit ma vie. Si vraiment cela n’était pas le cas, il me faudrait revoir et peut-être changer de route, éventuellement d’accompagnateur.
Comment ?
En inscrivant de telles « rencontres de l’Esprit » dans la régularité : une fois par mois par exemple, c’est une bonne fréquence. Quand on est en période de décision importante, ce peut-être un peu plus, mais ce n’est pas la quantité qui compte, mais la régularité. Et en se préparant le cœur à ces rencontres, dans le silence, la prière, le dialogue avec le Seigneur.
En relisant, comme l’on dit, sa vie : je repense alors à ce qu’a été ce temps de vie pour moi, à mes rencontres, mes découvertes, à ce qui a été important, peines ou joies.
Et en voyant comment j’ai pu pressentir parfois la rencontre du Seigneur, ce qui a été dans ma prière, les paroles de l’Écriture qui ont été éclairantes pour moi… Je re-cueille. Je prends même éventuellement des notes. Je prie avec cela, pour rendre grâces, pour demander pardon, pour demander au Seigneur qu’il m’éclaire. Je lui confie cette tranche de vie.
Alors je suis prêt à parler avec mon accompagnateur, pour garder l’essentiel comme une parole de Dieu pour ma vie. Pendant Mon cœur porte dans la prière ou comme une prière cette rencontre. Car c’est une forme de prière, de rencontre de Dieu. Je partage ce que j’ai recueilli, avec simplicité.
Je dis où est ma joie, mon souci, mon épreuve, ma tristesse
Mais en me rappelant bien que c’est un lieu sans voyeurisme, où le but est de partager ma vie mais pas de l’étaler.
Les choses de Dieu ne s’étalent pas, et il y a de la discrétion dans l’accompagnement spirituel, c’est essentiel. L’accompagnateur spirituel normalement ne me dit pas ce que je dois faire. Il fait écho à ce que j’ai partagé, à ce que je deviens avec le Seigneur dans ma vie concrète. C’est presqu’une prière. Et cela me renvoie à rendre grâce au Seigneur, dans le silence, dans la joie.
Un ami peut-il être un bon accompagnateur spirituel ? Pas forcément. Car il faut toujours un peu de distance, pour mieux respecter la liberté profonde nécessaire à cette recherche de Dieu, de la voix de Dieu.
Mais il est vrai à l’inverse, que l’accompagnateur peut devenir un ami. De ces amis qui vous laissent aller avec discrétion et reconnaissance, libres, là où est votre chemin.